08 mars 2022

Laura – de la langue française au langage web

tech

Aujourd’hui, en France, seulement 20% des professionnels de la tech sont des femmes. Laura Frémy, alternante développeuse chez Psycle Research depuis septembre 2021, est l’une d’entre elles.

Après une expérience dans le domaine de l’éditorial, elle a décidé de se réorienter dans le développement web. Découvrez avec elle cette transition entre la langue française et les langages informatiques dans un milieu ouvertement connu pour sa faible féminisation.

Laura, pour commencer, peux-tu nous parler de tes études et de tes premiers pas dans la vie professionnelle ?

« Tout à fait ! J’ai commencé par faire des études de lettres à la rue d’Ulm et de médias au Celsa et j’ai travaillé en agence de communication durant 3 ou 4 ans. Je suis désormais développeuse Full Stack (Back-End & Front-End) en alternance. Je ne viens pas du tout du milieu de l’informatique : il s’agit d’une réorientation complète pour moi. »

Pourquoi as-tu décidé de te réorienter ?

« J’ai eu l’occasion de suivre une petite formation informatique qui visait avant tout à consolider mes compétences dans mon ancien métier, où j’étais cheffe de projet éditorial. Je travaillais avec des développeurs et souhaitais mieux comprendre leur métier : cette formation m’a fait découvrir les langages HTML, JavaScript et CSS. Et puis… Je ne me suis pas arrêtée ! Je me suis prise à mon propre jeu. Je n’ai pas du tout choisi de me réorienter suite à un ancien travail qui me déplaisait, bien au contraire : en réalité, j’ai tout simplement eu un coup de foudre pour un nouveau métier, et j’ai enfin trouvé ce qui m’animait réellement dans la vie professionnelle.»

Comment fonctionne ton rythme de cours/temps en entreprise et quels sont les grands enseignements que tu y suis ?

« Mon rythme à la Wild Code School (Paris) est de trois semaines en entreprise et une semaine en formation. Il s’agit d’un parcours de développement Full Stack orienté vers des technologies comme React, GraphQL, Node.Js, Express, Docker, React Native et TypeScript. Je passe mes semaines à coder. »

Peut-on dire qu’apprendre à coder s’apparente à l’apprentissage d’une nouvelle langue ? As-tu des astuces pour faciliter cet apprentissage ?

« Oui, nous pouvons dire cela, mais pas que. Il y a effectivement une certaine grammaire à apprendre, que l’on retrouve dans plusieurs langues d’ailleurs, mais il s’agit surtout de l'apprentissage d’une logique de programmation et d’une façon de penser appliquée à des architectures (modèles informatiques) : il faut en quelque sorte penser en “poupées russes” et en réseau. J’aime voir le code comme des cartons dans des cartons, reliés entre eux.

Pour progresser dans mon apprentissage, revenir au papier et au crayon m’aide beaucoup. C’est mon côté littéraire. On a parfois tendance à être trop focalisé sur le code sur l’ordinateur sans réussir à prendre de recul. La schématisation m’aide à résoudre des problèmes que je n'arrivais pas à résoudre la tête dans l’écran. J’essaie aussi de faire de plus en plus de jeux de logiques, comme des puzzles.»

Laura & Baptiste Laura Frémy et Baptiste Amato (Fondateur & dirigeant de Psycle Research) dans le laboratoire tech. Photo : Eliot Danous.

Nous parlions en introduction de seulement 20% de femmes dans la tech. Pourquoi penses-tu que les femmes sont sous-représentées dans le numérique et dans la digitalisation ?

« Je pense que cela est dû à plusieurs problématiques : tout d’abord, il y a une question de représentation. Il faut le dire : la tech souffre d’une réputation de misogynie (souvent fondée), ce qui n’incite sûrement pas les femmes à choisir ce parcours où à penser qu’elles vont pouvoir se faire une place dans un univers si masculin et évoluer professionnellement parlant.  Mais je pense qu’avec les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail, on a de plus en plus conscience des problématiques liées au genre, ce qui est une belle avancée. Heureusement, depuis ma formation jusqu’à mon entrée dans ma nouvelle vie active, je n’ai à aucun moment ressenti de discrimination à mon égard.

Il y a également un réel problème dans l’éducation, notamment au collège ou au lycée où on n’incite pas assez les  femmes à aller vers ce genre de métier. Je me demande souvent pourquoi j’ai mis dix ans à me rendre compte que l’informatique était ma passion, mais les cours que j’avais reçu durant toute ma scolarité n’étaient à aucun moment orientés vers ce domaine. En cours de technologie, je réalisais des porte-crayons en plastique. Cela a peut-être évolué ces dernières années, mais dans mon cas, j’ai eu accès à un ordinateur portable personnel à seulement 18 ans et la salle informatique de mes établissements scolaires n’était pas réellement incitative.»

Quels conseils aurais-tu à donner aux femmes qui souhaitent se lancer dans la tech ?

«Tout d’abord : ne pas craindre l’ambiance soit disant misogyne qui règne dans la tech. Les choses ont déjà bougé et continuent de bouger grâce à des initiatives incroyables comme 50inTech ou DesCodeuses. Avoir de la volonté est également la clef dans une reconversion professionnelle. Après tout notre métier consiste la plupart du temps  à résoudre des problèmes donc il faut tout de même beaucoup de motivation car, parfois, cela peut être vraiment décourageant. Il ne faut pas se lancer dans la tech en se disant que ce sera valorisé socialement ou que cela paie bien. Je crois qu’il faut avant tout être passionnée. Parfois, nous pouvons être bloqués deux jours sur une ligne de code : la patience s’apprend, d’où les jeux comme les puzzles ! »

Pour finir, as-tu une citation motivante à nous transmettre ?

« Per aspera ad astra » : Par des voies ardues jusqu'aux étoiles.

Laura Frémy, alternante développeuse chez Psycle Research. Photo : Eliot Danous.